L'élevage reste localisé et orienté vers les besoins des habitants du Delta du Rhône, qui le laisse livré à lui-même. Il y a eu quelques essais pour lui faire prendre de la taille, mais tous ont été soldés par un échec, car le résultat obtenu le privait soit de sa rusticité, de sa résistance ou de sa frugalité, des caractéristiques considérées essentielles.
Le Camargue constitue une des plus anciennes races du monde, sans doute présent avant notre ère. La question de ses ancêtres demeure, on ne sait pas quelle influence ont pu avoir les chevaux orientaux, berbères, asiatiques et celtes.
On pense que chacun de ses chevaux à joué un rôle plus ou moins important et qu'ils auraient pu se reproduire entres eux à l'état sauvage, le reste est directement relié à l'adaptation de la race dans le Delta du Rhône.
Cette région offre des conditions de vie particulièrement difficiles et a donc influé sur les nombreuses générations, en le rendant plus forts et résistants que de nombreuses autres races. Plusieurs théories s'imposent, mais aucune n'est une certitude.
La première serait que le Camargue serait un cheval indigène des marais de la région du même nom. Cette supposition repose sur les peintures de la grotte de Lascaux qui témoignent de caractéristiques primitives qui sont proche de la race.
C'est pourquoi la paléontologue française Vera Eisenmann estime qu'il pourrait être le reflet des chevaux sauvages préhistoriques. La seule preuve qui appui cette théorie est la découverte en 1875 par le professeur Nicolas d'un squelette trouvé à deux kilomètres en amont d'Arles sur la rive droite du fleuve du Rhône.
Pour Charles Naudot le Camargue aurait accompagné la mer dans sa course vers le delta du Rhône.
Pour Eugène Gayot il est impossible que le Camargue ait été influencé par le cheval Arabe et Barbe, seuls le climat, l'environnement e la composition du sol aurait influencé la race. Il appui sa théorie en 1861 par une étude zootechnique, où il affirme que le Camargue se distingue, par des traits que l'on retrouve chez tous les animaux de l'espèce chevaline vivant à l'état sauvage.
Une deuxième théorie suppose qu'il a été influencé par le cheval Barbe, avec qui il partage certaines caractéristiques morphologiques. Il semble que des croisements ont eu lieu avec ce dernier, peut être cela s'est-il produit lors de l'introduction du cheval Arabe ou numides par Flavius Flaccus aux environs d'Arles vers l'an 626 avant notre ère, ce qui constituerait la souche du Camargue.
Si cette supposition est difficilement invérifiable, il n'en est pas moins que le Camargue présente une forte ressemblance avec les chevaux de la cavalerie numide qui avait affronté les Romains affrontent pendant les deux guerres de Carthage, faisant suite à la conquête de l'Afrique du Nord. C'est une des théories qui sera le plus souvent avancée au cours du XIXème siècle, avec quelques variantes sur les influences extérieures.
Une troisième théorie fait remonter l'influence du cheval Celte qui était populaires pour leur habilité lors des combats, ce qui en faisait un pilier pour les cavaliers gaulois. Mais si cette théorie reste possible, elle n'est pas plus crédible que les précédentes, car la présence du cheval Celte dans le Parc Naturel Régional de Camargue n'a jamais été démontrée.
La quatrième théorie serait que le cheval de Solutré aurait un lien de parenté avec le Camargue, en s'appuyant sur les similitudes des deux. Même si elle est souvent reprise, elle reste pourtant, scientifiquement parlant, peu crédible, le Cheval de Solutré n'appartenant ni a une race et ni a une espèce, de plus rien ne prouve la présence du Cheval de Solutré dans le Parc Naturel Régional de Camargue.
La cinquième théorie, qui avance que le Camargue serait un descendant du cheval de Przewalski, est invalidée par les études génétiques qui ont été effectuées.
En s'appuyant sur le fait que le cheval Mongol ressemble au Camargue, une affiliation asiatique constitué la sixième théorie. Sans véritable preuve, cette proposition s'appuie sur la présence d'une sixième vertèbre lombaire qui lie le Camargue au Tarpan et au cheval de Przewalski.
Les origines germaniques reposent sur la septième théorie, non vraisemblable, faite par Jocelyne Bonnet, en s'appuyant sur le fait que les Germains ont l'Empire romain.
C'est F.J. Delay qui va publier la huitième théorie en 1875, où il affirme que les Sarrasins, après leurs invasions du sud de la France au VIIIème siècle, ont abandonné leurs chevaux, qui vont ensuite former la souche de la race. Elle sera rejeté, entres autres, en 1890 par le vétérinaire Pader qui rejette la ressemblance du Camargue avec les chevaux orientaux, ainsi que cette théorie sur les origines du Camargue.
Même si des croisements se sont bien produits à l'époque des invasions maures, la présence des chevaux orientaux dans la zone du Parc Naturel Régional de Camargue est largement antérieure au VIIIème siècle. Par ailleurs, cette théorie est influencée par une idée encrée dans l'esprit de tous à l'époque, qui avance que « le cheval le plus parfait est l'Arabe ».
Quoiqu'il en soit, il est certains que des chevaux sauvages sont mentionnés dans la zone du Parc Naturel Régional de Camargue au moins depuis l'époque romaine. S'il est vraisemblablement autochtone, la période où il a été domestiqué reste obscure.
Si l'on se réfère à un récit local, non vérifiable, les marins phéniciens aurait aperçut des chevaux dans le delta du Rhône lorsqu'ils l'on colonisé. Mais une autre légende avance que la création des premiers élevages dans la zone du Parc Naturel Régional de Camargue revient aux fondateurs de Marseille, les Phocéens.
On suppose que lorsque Jules César dit qu'il a été séduit par la qualité des chevaux gaulois, même s'ils sont petits et laids, il parle des chevaux du Parc Naturel Régional de Camargue, mais il s'agit d'une supposition qui ne repose sur aucune preuve de la localisation de ces petits chevaux.
En 339, un éleveur nommé Bassus aurait eu à Arles plusieurs haras d'une importance non négligeable. Vers l'an 350, le Camargue est à nouveau cité dans des chroniques romaines, où un consul de Gaule en fait une description plutôt précise après l'avoir croisé sur les bords du fleuve en remontant de la mer vers Arles.
Peu de temps après, des légions romaines l'utiliseront comme cheval de bât, au début, et ensuite comme cheval de guerre. Il va continuer à être employé de cette manière jusqu'à l'arrivée au XIIème siècle, de ce qu'on appel les grands destriers.
A partir du XIIème siècle, alors que le Camargue se développe autour d'Arles, il est réquisitionné par les habitants d'Arles, qui le vende au comte de Provence, Raimond Bérenger, pour qu'il puisse reconstruire sa cavalerie pour les combats qui ont lieu dans le Midi.
Au XIIIème siècle, il est employé pour le travail des gardians dans le pays d'Arles.
Au XVème siècle, les nobles d'Arles étaient vraisemblablement des cavaliers qui s'occupaient du bétail avec leurs chevaux. C'est sans doute pour cette raison que la confrérie des gardians va officiellement être fondée en 1512.
Au XVIIIème siècle, à l'époque ou l'amélioration de chevaux étaient une pratique courante, des tentatives vont aboutir systématiquement à des échecs cuisant sur le Camargue.
Une loi de l'Ancien Régime, qui souhaite conserver cette race locale, va interdire de faire sortir les chevaux du territoire d'Arles, quelques soit le prétexte avancé. Ainsi les Arlésiens qui avaient des propriétés hors de cette zone, sont obligés de prêter serment entre les mains des consuls, non seulement, qu'ils ramèneront près d'Arles le nombre de chevaux qu'ils amènent avec eux, mais également que leur emploie se limitera au foulage de leurs propres grains, sous peine d'être condamnés à payer une amende.
A cette époque, selon René Musset, le Camargue, hors de son utilisation pour le travail du grain, du transport ou de la traction, est très peu employé, même s'il est tout à fait apte à être monté. Il est indispensable dans la vie de tous les jours, à cause de l'éloignement des villages et de la nature du sol.
C'est en 1729 que les premiers dépôts d'étalons sont établis dans la région, c'est ainsi qu'en 1737 et 1738, on comptera au dépôt du territoire d'Arles trente-deux étalons royaux approuvés dont 24 de race Camargue, un Andalou, 3 ibériques, 1 danois, 2 de type Barbe et 1 Arabe. Ces derniers sont utilisés pour la saillie des juments élevées dans le Delta et ses environs. Mais les croisements ne vont donner aucun résultat positif.
Sous le règne de Louis XV, les manades du Delta vont prendre une grande extension. En 1752, l'inspecteur général des haras de France, le marquis de Voyer d'Argenson, va charger Desportes, qui est un ancien capitaine de cavalerie, de diriger des essais sur le Camargue.
En 1755, 3 étalons de la race Barbe, une jument limousine, une normande et quelques juments de type Camargue, et plus tard des étalons de race Arabe sont employés pour son amélioration, possible notamment, grâce au financement important que la ville d'Arles apportera en 1765.
L'objectif était de conserver sa sobriété, sa vitesse, son aptitude à franchir de grands espaces partiellement ou totalement inondés, sa frugalité, sa résistance au caprice du temps, tout rendant le Camargue apte à la guerre, à la course et à la chasse. Mais malgré les infusions supplémentaires de sang Arabe, Anglo Arabe, Pur Sang et Postier Breton, l'échec est total, car les chevaux croisés ont perdus une grande partie de leurs caractéristiques originelles.
En 1806, des croisements sont à nouveau effectués, encore une fois dans le but de créer un cheval de guerre, dans les haras de Provence réorganiser par Napoléon Ier qui introduit des étalons aux origines diverses. La base étant le Camargue, les armées de Napoléon réquisitionne un grand nombre de chevaux de la région en 1807.
Mais cela va entraîner une dégénérescence du Camargue, car les fermiers et les propriétaires, de peur de voir leurs chevaux partir à la guerre, se débarrasse de leur bon élément, pour les remplacer par des chevaux défectueux qui seront à coup sûr ignorer par l'armée. Les inondations en 1789 et 1791, qui vont provoquer des épizooties et des maladies, vont y jouer aussi un rôle, en affectant la vigueur des juments.
Alors que le Camargue est affaibli, la destruction de leurs pâturages par le défrichement et le dessèchement, amorce le déclin de la race. Les plus beaux chevaux vont être définitivement perdus. A partir de 1806, Monsieur Poitevin lance un signal d'alarme car il sait que sans action rapide, l'extinction du Camargue sera inévitable.
Au début du XIXème siècle, plusieurs gardians possèdent un petit troupeau de 20 à 50 chevaux qu'ils utilisent pour entretenir leurs terres. A cette période 3511 chevaux sont recensés dans la région. Parmi ceux-ci des juments ont été saillies par des ânes pour obtenir des mulets voués à divers travaux agricoles.
En 1837, sous Louis-Philippe, une manade est fondée par l'administration des haras, où les plus beaux chevaux sont sélectionnés, pour améliorer la race et obtenir des étalons qui vont servir à une reproduction de qualité. Cette manade aurait pu devenir un modèle, mais aucun éleveur de la région ne suit le même principe, alors l'expérience n'aura pas de suite, sans doute parce que l'unique objectif de cette manade était une fois de plus de créer des chevaux de guerre.
En 1847, selon Monsieur Lacroix, il n'y aurait pas plus de 1 900 chevaux de race Camargue dans la région, tandis que le sous préfet estime le cheptel à 3000 ou 4000 chevaux.
L'éducation des chevaux de la zone du Parc Naturel Régional de Camargue n'étant pas une priorité, la reproduction est libre, ce qui provoque l'inquiétude de l'administration des haras nationaux qui les accuse de multiplier le nombre de chevaux sans se préoccuper de la qualité. Il est vrai que tous les étalons, qui se nomme à cette époque grignons, sont libre de saillir les juments, parfois même avant l'âge de deux ans ou quand ces dernières sont encore allaitantes.
Autour de 1875, l'amorce d'un déclin qui va durer plus d'un siècle sera inévitable, et en 1905 il ne restera qu'une quinzaine de manades.
Au milieu du XIXème siècle, alors que la plupart des races sont modifiées par croisement le Camargue, avec le cheval Lorrain, reste un des derniers représentants d'un cheval resté pur.
Au début du XXème siècle, le dessalement des terrains salés et sans végétation, l'irrigation avec les eaux du Rhône et la plantation de vignes portent préjudice à l'élevage du cheval Camargue. L'agriculture qui préfère le cheval de trait, affaiblit d'avantage le Camargue, quand les habitants importent le cheval Breton et le Trait du Maine.
Le mode de vie du Camargue change, et de totalement sauvage, il va être élevé à l'état semi-sauvage, car l'intervention humaine pour les alimenter est devenue indispensable. Dans la même optique que Frédéric Mistral, Folco de Baroncelli-Javon décide d'agir pour préserver les valeurs de la région du Parc Naturel Régional de Camargue en créant, notamment la Nacioun gardiano le 16 septembre 1909, dont l'objectif est de défendre et de conserver les traditions de la région, dont l'élevage du cheval Camargue.
En 1932, il reste peu de chevaux de la race Camargue, à cause des nombreuses tentatives de croisements, c'est pourquoi François J. Aubert, commandeur du Mérite agricole décide d'écrire dans un ouvrage, une sorte de plaidoirie en faveur de la race pour convaincre de l'importance de préserver cet cheval emblématique.
Vers 1950, comme beaucoup d'autres races de chevaux, le Camargue manque de disparaître à cause de la généralisation de la mécanisation.
C'est en 1953 que le Camargue va susciter l'intérêt des touristes grâce l'oeuvre cinématographique Crin Blanc, totalement filmée dans la région, qui raconte l'histoire d'un étalon sauvage sauvé par un enfant. De nombreux changements dans l'élevage et l'organisation des manades vont se mettre en place dans les années qui suivent.
En 1964, l'« Association des Éleveurs de Chevaux de Race Camargue » (AECRC) est créée par des éleveurs préoccupés par la préservation de la race et leur milieu d'élevage spécifique. La première décision sera de limiter la zone d'élevage du Camargue et de définir ses caractéristiques morphologiques.
En 1967, elle décide de recenser les élevages et de poser les règles qui définissent la « manade », dont l'élevage extensif en liberté et en plein air, le nombre minimum de juments reproductrices qui est au moins de 4, et la surface du pâturage d'au moins 20 hectares d'un seul tenant.
C'est ainsi que désormais, seuls les chevaux nés et élevés en manade peuvent prétendre porter le nom de « Camargue ». La race va être reconnue par les haras nationaux reconnaissent au cours de l'année 1968, le registre généalogique, quant à lui sera créé bien plus tard.
Il était impensable qu'une zone comme le Parc Naturel Régional de Camargue, avec un tourisme inexistant, devienne aussi rapidement un lieu prisé par les voyageurs. Même si cela est quelques peu dérangeant pour les habitants, la région, après la diffusion du film, change d'orientation, et devient un lieu où l'activité est orientée vers le loisir.
Le Camargue devient, économiquement parlant, très intéressant pour les éleveurs, ce qui va assurer sa sauvegarde. Le 17 mars 1978, la création du Parc Naturel Régional de Camargue est votée pour participer à une nouvelle sélection de la race.
Avec un million de visiteurs à partir de 1995, les gardians vont transformer la tradition du travail par une tradition orientée plus vers le spectacle. Les manades touristiques vont se multiplier, ce qui va pousser les manadiers à réglementer l'activité par la création d'un certificat d'aptitude et une réorganisation des promenades équestres.
Mais les conditions d'exploitation des chevaux, dans les années 1970 et 1980, sont souvent proche des limites de l'acceptable. Les centres de randonnées à cheval dans les réserves de la région proposent des conditions de sécurité, d'hygiène et de respect du cheval fréquemment insuffisantes.
En 2012 et d'après un magazine équestre, de gros progrès semblent avoir été réalisés, mais il existe encore des lieux où des chevaux restent sellés, sanglés et bridés toute la journée, au mépris de la règlementation et du confort de l'animal.
Le Camargue, qui compte de nos jours environs 8000 chevaux, est un des derniers représentants vivant à l'état sauvage en France, et pourtant il ne s'agit ni de chevaux sauvages, ni d'une race affinée, mais il est évident que ce cheval très robustes est certainement le plus rustique des races élevées sur l'hexagone.